Séminaires mensuels du Pont Freudien 2016-2017

Les Séminaires mensuels du Pont Freudien 2016-2017 démarrent mercredi 28 septembre 2016.
Ils portent sur la 2ème moitié du Séminaire VII L'éthique de la psychanalyse, de Lacan :
Jacques Lacan, Le Séminaire livre VII L'éthique de la psychanalyse, Éditions du Seuil, Paris, 1986.

Les séances de séminaires mensuels ont lieu à l'UQAM, local DS-2587, le mercredi soir de 19h à 21h.
Le séminaire mensuel est ouvert à tous.

Nous avons travaillé l'an dernier 2015-2016 la première moitié du Séminaire VII (les deux premières parties). Nous en poursuivons la lecture cette année 2016-2017, avec les trois dernières parties.

Lacan considère le Séminaire L’éthique de la psychanalyse, prononcé en 1959-1960, comme étant dans le droit fil du précédent, Le désir et son interprétation, étudié en 2014-2015 dans le cadre du séminaire mensuel du Pont Freudien.

L’éthique de la psychanalyse est une éthique du désir. Le propos est inédit.
Il n’y a pas de clinique psychanalytique possible sans éthique. C'est donc par une lecture commentée du Séminaire VII, L’éthique de la psychanalyse que nous poursuivrons le séminaire mensuel du Pont Freudien.

L’éthique est mesure de l’action

C’est pour cela qu’il s’agit d’éthique plutôt que de morale. La morale interdit. La psychanalyse procède par un retour au sens de l’action. L’hypothèse freudienne de l’inconscient suppose que l’action de l’homme a un sens caché. Malaise dans la civilisation nous rappelle que la sévérité du Surmoi est renforcée par le renoncement pulsionnel, et qu’ainsi, le sentiment de culpabilité est paradoxalement intensifié par la soumission à la loi morale.

Le lien du désir à la Loi

Les dix commandements influencent depuis des millénaires cette dimension morale : Lacan  va  attirer notre attention sur celui qui dit : Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain, tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain.
Or, nous savons que convoiter la femme de son prochain est une des conditions de la vie amoureuse commentée par Freud, la condition du «  tiers lésé ».
« Cette Loi, toujours vivante dans le cœur d’hommes qui la violent chaque jour - dit Lacan - au moins concernant la femme de notre prochain, doit sans doute avoir quelque rapport avec ce qui est notre objet ici, à savoir das Ding »1.
En effet, je n’aurais pas eu l’idée de convoiter la Chose si la Loi n’avait dit - Tu ne la convoiteras pas »2.

Das Ding

Ce que Freud dégage dès l’Esquisse d’une psychologie scientifique, est que ce qui est visé par le sujet, c’est das Ding, la chose originelle, de toujours déjà perdue. « Le but premier,  - écrit Freud dans la Lettre 52 à Fliess - n’est pas de trouver dans la perception réelle un objet qui corresponde à ce que le sujet se représente sur le moment mais c’est de le retrouver, de se témoigner qu’il est encore présent dans la réalité. » Mais, dès l’origine, l’objet est perdu.
« Le pas fait au niveau du principe de plaisir par Freud est de nous montrer qu’il n’y a pas de Souverain bien - que le Souverain bien qui est das Ding, qui est la mère, l’objet de l’inceste, est un bien interdit et qu’il n’y a pas d’autre bien. Tel est le fondement, inversé, chez Freud, de la Loi morale. »3.
Das Ding,  « ce  n’est pas  lui  que  l’on  retrouve  mais  ses  coordonnées  de plaisir »4. Le but de l’action est de retrouver das Ding, l’objet primordial, l’objet perdu de toujours. C’est par rapport à la perte de cet objet originel que le sujet se constitue. Cette première épreuve réglera toute la fonction du principe de plaisir, objet d’insatisfaction pour l’hystérique, objet qui apporterait trop de plaisir pour l’obsessionnel, qui se règle pour éviter cet excès. Le Souverain bien, qui est das Ding, est un bien interdit et il n’y a pas d’autre bien.

Le désir n’est réductible ni au besoin, ni à l’utile, ni même au « possible » qui est le champ d’action de la loi commune. Il n’accède à l’éthique qu’en affrontant un « impossible », en s’avançant sur la limite de ce qu’est pour chacun « la Chose », vacuole de jouissance inconnue, mais irréductible, qui relance et oriente le désir sans qu’il en reconnaisse l’objet.

Antigone

Dans le but d’arracher le désir à la sphère du besoin, de lui restituer sa dimension d’au-delà de toute harmonie naturelle, Lacan revient à la tragédie antique dont Aristote admettait déjà qu’elle met en échec l’éthique du Souverain Bien. Ce débat encadre tout le Séminaire, mais c’est la tragédie qui a le dernier mot.
Le héros tragique – tel Œdipe ou Antigone – incarne le sujet du désir qui, franchissant toutes les limites, accepte d’en payer le prix. Il sera trahi impunément car il est au-delà de la crainte et de la pitié, au-delà du « service des Biens », c’est-à-dire de l’utile et des besoins, au-delà même des pièges et des illusions de « l’amour du prochain ».
« Wo es war », « Là où c’était… La Chose », le sujet doit advenir. Ce noyau de jouissance l’enracine dans sa destinée particulière, qui exige que la dette soit payée. Ce n’est pas tous les jours le destin des Atrides, mais chacun doit céder « la livre de chair », consentir à la castration. C’est en commentant Antigone de Sophocle que Lacan nous montre, avec l’action du désir, la dimension de l’expérience tragique de la vie. Expérience qui pour tout un chacun peut prendre une coloration tragi-comique.

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 100.
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, op.cit., p. 101.
[3] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, op.cit., p. 85.
[4] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, op.cit., p. 65.

Dans le cadre du Séminaire mensuel, nous étudierons les trois dernières parties (12 chapitres) du Séminaire VII : « Le paradoxe de la jouissance », « L'essence de la tragédie » et « La dimension tragique de l'expérience psychanalytique », chapitres XIII à XXIV.

Les présentations/commentaires se feront en duo. Un discutant sera là pour interroger un point, ramener au texte, se faire l'interlocuteur de celui qui a la responsabilité de la présentation/commentaire du texte.

Calendrier : Mercredi 19h à 21h

     Le paradoxe de la jouissance

  • 28 septembre 2016 : chapitre 13 - Anne Béraud (discutant : Benjamin Mortagne).
  • 12 octobre 2016 : chapitre 14 - Pierre Lafrenière (discutant : Benjamin Mortagne).
  • Dimanche 23 octobre 2016 : chapitre 15 sera commenté par l'invitée du Pont Freudien : Silvia Tendlarz, dans le cadre de la 43e rencontre du Pont freudien.
  • 16 novembre 2016 : chapitre 16 - Anne Marché Paillé (discutante : Mercedes Rouault).
  • 7 décembre 2016 : chapitre 17 - Fernando Rosa (discutante : Ruzanna Hakobyan).
  • 11 janvier 2017 : chapitre 18 - Fernando Rosa (discutante : Anne Béraud).

    L'essence de la tragédie
  • Dimanche 22 janvier 2017 : chapitre 19 sera commenté par l'invité du Pont Freudien : Marcus André Vieira, dans le cadre de la 44e rencontre du Pont freudien.
  • 8 février 2017 : chapitre 20 - Ruzanna Hakobyan (discutant : Pierre Lafrenière).
  • 19 avril 2017 : chapitre 21 - Anne Marché Paillé (discutante : Eléa Roy).

    La dimension tragique de l'expérience psychanalytique
  • 10 mai 2017 : chapitres 22  et 23 - Rodolphe Adam.
  • 31 mai 2017 : chapitre 24 - Anne Béraud (discutante : Eléa Roy).

Le chapitre 15 sera commenté par l'invitée du Pont Freudien : Silvia Tendlarz, dimanche 23 octobre 2016.
Le chapitre 19 sera commenté par l'invité du Pont Freudien : Marcus André Vieira, dimanche 22 janvier 2017.

L'enseignement du séminaire mensuel est dispensé par Anne Béraud, Ruzanna Hakobyan, Pierre Lafrenière, Anne Marché Paillé, Fernando Rosa, Mercedes Rouault.

Le livre peut être commandé sur le site : http://www.ecf-echoppe.com/index.php/catalogsearch/result/?q=L%27%C3%A9t...
Lire également : Antigone, de Sophocle.

Le séminaire mensuel du Pont Freudien est ouvert à tous.


Activités de formation continue

La lecture d'articles ou d'ouvrages scientifique ou professionnels est considérée comme admissible à titre d'activités de formation continue par l'Ordre des psychologues. Le Pont Freudien remettra une attestation de participation au séminaire mensuel.

Lieu

UQAM, Local DS­-2587. Pavillon J.­-A.­ De Sève (DS), 320 rue Sainte-­Catherine Est, Montréal. Métro Berri­-Uqam.

Tarifs

Pour 1 an de séminaires mensuels : Tarif régulier : 100 $ Tarif étudiant : 80 $
Par séance de séminaire mensuel : Tarif régulier : 12 $ Tarif étudiant : 10 $

Renseignements

Anne Béraud : (1) 514 814 3958  anne.beraud [at] pontfreudien.org